Big Four : Djokovic, comment le succès le plus attendu de sa carrière a précipité sa chute ?

Numéro un incontesté au début de l’année 2016, Novak Djokovic est finalement derrière Andy Murray au classement ATP à l’issue du dernier tournoi de la saison avec un peu plus de 900 points de retard sur le Britannique. Si ce scénario relevait de l’inimaginable au début de la saison tant son emprise sur le tennis mondial était sans partage, la deuxième place du Serbe est aujourd’hui une réalité qui pourrait vraisemblablement durer plus de temps que prévu. Comment expliquer un tel retournement de situation au sommet de la hiérarchie mondiale ?

Imaginons un passionné de tennis, tombé dans le coma il y a cinq mois et se réveillant aujourd’hui. Comment réussir à lui faire croire que Djokovic, qui comptait plus de 8000 points d’avance sur son plus proche, ou plutôt le moins éloigné de ses poursuivants Andy Murray, au lendemain de son premier succès à Roland Garros, soit en cette fin de mois de novembre deuxième au classement ATP ? Personne n’aurait pu parier un tel scénario au soir du 5 juin, alors que le Serbe venait de réaliser l’exploit de faire le Grand Chelem sur deux saisons, c’est à dire détenir les quatre dernières levées du Grand Chelem. Il était quasiment intouchable, en témoignent entre autres son succès en Australie, son doublé Indian Wells-Miami, son trophée à Madrid et enfin sa victoire Porte d’Auteuil. Oui mais voilà, la conquête réussie du dernier tournoi majeur qui manquait à son palmarès apparaît finalement comme la cause principale de cette chute invraisemblable au classement.

Depuis deux ans, le natif de Belgrade pratiquait un tennis de rêve. A la recherche de tous les records, le Serbe exerçait un pouvoir quasiment exclusif sur le tennis mondial avec des objectifs toujours plus élevés. Parmi ces objectifs, il y en avait un, placé tous les ans comme peut-être sa principale priorité, la conquête de Paris et Roland Garros qui se refusait à lui depuis toujours… La faute à un homme, Rafael Nadal, roi dans la capitale parisienne. En 2015, après avoir sorti l’Espagnol en quarts de finale, rien ne semblait s’opposer à Djokovic pour remporter enfin Roland Garros. En finale, il est tombé face un Stan Wawrinka au sommet de son art, là où Djokovic avait peut-être été donné vainqueur trop facilement. En 2016, Nadal sorti rapidement à cause d’une blessure au poignet, personne ne barrera la route au Serbe, pas même Andy Murray qui l’avait battu quelques semaines plus tôt en finale à Rome. 

Si sa défaite au 3^ème tour à Wimbledon avait été rapidement qualifié d’accident, sa sortie dès le premier tour des Jeux Olympiques à Rio peut également être perçue comme un autre tournant de sa saison. On sait le Serbe très attaché à sa patrie et à la défense de ses couleurs en Coupe Davis notamment. Aussi le titre olympique figurait également dans la liste des priorités de « Djoko », là où d’autres joueurs y accordent très peu de crédit en raison du fait qu’il ne rapporte aucun point comptable au classement ATP. Déchiré et en larmes après « l’une des pires défaites de (sa) carrière » face à Del Potro, on a pu sentir toute la déception et la tristesse de ne pouvoir ramener une médaille à son pays. S’en suivront par la suite des résultats en baisse et des sorties de routes express dans les tournois. Il y a surtout eu cette déclaration début octobre dans laquelle Djokovic expliquait qu’il fallait qu’il retrouve la joie d’être sur le court. 

Si on pensait le numéro deux mondial relancé après sa bonne semaine à Londres, sa défaite face à Andy Murray en finale a scellé une saison à deux visages de Djokovic, magistral pendant les six premiers mois, puis décevant pendant les six autres. A lui maintenant d’exploiter au mieux l’intersaison pour repartir de l’avant en 2017, retrouver le plaisir de jouer qui l’a fait monter si haut et réinverser le rapport de force avec Murray…